.: Mise en Situation :.


Le premier titre de ce texte fait mention d’un Français qui a pris un nom d’artiste, dans sa cinquantaine. Joseph Paul Gustave dit Maurice Vanneyre a estimé devoir se présenter au public sous le nom de Charles Lanert. Vanneyre signifierait vannier dans le patois de la Drôme où il est né en 1902, mais ce n’est pas cette signification qui ferait rêver le porteur de ce patronyme. Il interpréterait son nom en Van Neyre, à la flamande et à l’hollandaise. Pour lui, van donnerait "la" et "neyre" ferait mieux en "nert". Il s’est ainsi nommé Lanert. Cela donne un nom de famille qui existe aussi de par le monde. Les raisons du prénom Charles ne nous sont pas connues à ce jour. Je reviendrai sur la signification de ce changement de nom et donnerai mes sources plus loin.

Le sous-titre de ce texte, Journal I, indique qu’il y aurait normalement un Journal II et ainsi de suite dans les saisons prochaines. J’y donnerai les nouvelles des recherches, des publications et des actions de promotion sur cet artiste et son oeuvre, selon les opportunités.

L’histoire de Charles Lanert, passe par celle de l’auteur de ces lignes, Jacques Benoist, né en 1946, puisque j’ai l’intention de faire connaître cet homme, son histoire et son oeuvre, au sein des milieux qu’il a habités, le social, le religieux et l’artistique, à Paris dans les décennies soixante et soixante-dix du XXème siècle.

Une partie de son ouvre et de ses papiers m’a été léguée indirectement par lui, grâce à une intermédiaire âgée de quatre-vingts ans, qui souhaite, à ce jour, en l’hiver 2009, profiter encore d’une certaine discrétion. Cependant la publicité sera faite sur cette transmission dès que les événements l’imposeront. Mes productions imprimées et numérisées permettent aux curieux de le découvrir. Des rencontres sont possibles.

Dès maintenant, il me paraît nécessaire de faire mention des nombreux amis et relations qui m’ont encouragé à donner chair à ce projet et en particulier deux d’entre eux, Dorian Nahoun, né en 1981, et Franck Landais, né en 1966 qui paient de leur personne et mettent leur compétence au service de cette entreprise. Ils disposent de vitrines sur Internet qui permettent de les situer. Dorian Nahoun a inventorié et photographié les deux cents dessins environ dont il est question présentement et Franck Landais les montre dans le domaine Internet consacré à notre artiste. Je remercie ces deux collaborateurs. Je connais Franck Landais depuis 1995 et Dorian depuis 2006.

Ce dernier a ponctué et synthétisé son enquête par une notice rédigée en août 2008. Ce texte permet de repérer non seulement celui dont il est question ici, Charles Lanert, mais aussi celui qui l’a rédigé, Dorian Nahoun, et qui est le benjamin de notre équipe. J’apprécie la pertinence de son regard et de son jugement.

Jacques Benoist

.: Biographie :.


Né le 21 avril 1902 à Aiguebelle Grignan, près de Montjoyer dans la Drôme, Joseph Paul Gustave Vanneyre, dit Charles Lanert, a grandi à l’ombre de l’abbaye d’Aiguebelle.

Son père est comptable dans la chocolaterie tenue par les moines. Marié en 1929 au Vésinet dans les Yvelines à Yvonne Bossu, son parcours scolaire, encore méconnu aujourd’hui, l’amène à intégrer l’armée de terre dans laquelle il restera près de vingt ans en tant que radiologue.

C’est en 1950 que commence son travail artistique lorsqu’il part en retraite. Joseph Vanneyre prends sa carte d’artiste peintre au syndicat national des artistes graphiques et s’attribue le pseudonyme de Charles Lanert. Il peint alors de très petits formats à l’huile sur des morceaux de bois et de toile jusque dans les années 60 où il va préférer travailler à l’encre sur du papier. Viendra ensuite une longue période de travail de découpage/collage, où le matériau est simplement déformé afin de construire des représentations colorées et systématiques. Peu fortuné, il récupère tout ce qu’il peut de papiers, cartons, couvertures de magazines et invente alors son économie de travail. Il tentera de se faire connaître, mais restera dans l’ombre.

Lanert produit pendant trente-cinq ans une oeuvre de plusieurs milliers de pièces. Ses dessins laissent entrevoir la forte influence que son travail de radiologue a pu avoir sur lui avec de nombreuses réalisations très méticuleuses et quasi-microscopiques. Lanert se situe lui-même dans le mouvement de l’Abstraction. La question de la spiritualité est très présente dans toute son oeuvre avec des dizaines de représentations, les unes posant la question du destin de l’Homme, les autres directement « adressées » à Dieu, témoignages de sa foi et de sa prière.

Devenu aveugle vers 1985, il cesse de produire et part pour Marseille où il décède en 1995. Décrit comme un "homme doux" malgré ses souffrances » Lanert disparaît en confiant son oeuvre à une amie. »

.: Repères Biographiques :.


1902 : Naissance le 21 avril 1902 à Montjoyer (Drôme) de Joseph Paul Gustave Vanneyre, fils de Eugène Vanneyre, trente-quatre ans, comptable, domicilié à Aiguebelle, commune de Montjoyer, et de Marie Zielinde Manent, trente-deux ans, ménagère, domicilié avec ce dernier.

1902 : Baptême le 21 avril 1902 de Joseph Paul Henri Vanneyre, fils de Eugène Vanneyre, comptable à la chocolaterie d’Aiguebelle et de Marie Zielinde Manent.

1929 : Mariage civil le 5 octobre 1929 au Vésinet (Yvelines) avec Yvonne Bossu. Mariage religieux le 5 octobre 1929 en la paroisse Sainte-Marguerite du Vésinet. Yvonne Bossu est née le 13 janvier 1910 à Paris 10e, fille mineure de Gaston Léon Bossu, vingt-cinq ans, monteur, et de Irma Onderbeke, trente ans, ménagère. Elle est baptisée à Dejuze (Belgique) le 6 février 1911. A cette date, Joseph Vanneyre demeure à l’hôpital militaire de Landau (Allemagne) et Yvonne Bossu demeure au Vésinet, 23, rue du Marché.

1933 : Le mariage Vanneyre/Bossu est dissous le 26 avril 1933 par le tribunal de 1ère instance de Casablanca. Yvonne Bossu se remarie le 13 août 1938 à Oran.

1933 : Mariage le 10 novembre 1933 à L’Aubépin (Jura) avec Gabrielle Marguerite Emilienne Ducros.
Joseph Vanneyre exerce alors le métier de manipulateur radiographe militaire à l’hôpital Villemin, Paris 10e. Son père Eugène est dit rentier à Rochemaure (Ardèche). Il a l’autorisation du médecin général directeur du service de santé de la vingt-deuxième section des Infirmiers à Paris. Son témoin est Jean-François Vanneyre, représentant de commerce, domicilié à Lalevade d’Ardèche (Ardèche). Gabrielle Ducros est née le 16 février 1908 à Courlans (Jura) de Jean-Marie dit Léon Ducros, âgée de vingt-huit ans, cultivateur à Courlans, et de Joséphine Trefot, âgée de vingt-neuf ans, cultivatrice. Gabrielle Ducros est institutrice, domiciliée à L’Aubépin. Son témoin est son père.

1950 : Par un arrêté interministériel du 24 août 1950, Joseph Paul Gustave Vanneyre est pensionné après dix-huit ans de service avec le grade d’adjudant chef. Il est domicilié alors dans une maison de retraite, 66, rue des Plantes, Paris 14e.

1964 : Décès le 24 mai 1964 à Tournan-en-Brie de Gabrielle Ducros, épouse Vanneyre. Au temps où Joseph, Paul, Gustave, dit Maurice Vanneyre, dit C. Lanert, habite à Tournan-en-Brie, il est membre sous le n° 742, au titre de sa profession d’artiste peintre du syndicat national des artistes, peintres, sculpteurs, graveurs, dessinateurs, illustrateurs, décorateurs et créateurs professionnels, 9, rue Berryer, Paris 8e.

1977 : Il quitte un logement 9, avenue Sainte-Foy, à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine) et est admis le 17 mars 1977 dans la maison de retraite pour personnes âgées des Petites Soeurs des Pauvres, 71 rue de Picpus, Paris 12e.

1977 : Joseph Vanneyre rédige son testament le 14 juin 1977. Il donne son corps au laboratoire d’anatomie de Paris, son argent courant et ses quelques affaires aux Petites Soeurs des Pauvres. « Elles garderont de son travail ce qui leur plaira et feront porter le reste à X. » Il faut alors prévenir son neveu, André Ducros, le père Guy de Broglie, puis le père André Bouler et une amie X.

1980 : Charles Lanert recopie des réflexions religieuses extraites de La Vie spirituelle, sep-tembre/décembre 1980, p. 773-774.

1984-1985 : Une lettre du 11 mars 1984, une du 17 septembre 1985 et quelques autres non datées témoignent du don par Charles Lanert de ses dessins et « papiers » à une amie X. Il compte sur cette personne pour les encadrer et les vendre au profit des oeuvres et des prêtres catholiques.

1986 : Joseph Vanneyre quitte la maison de Picpus le 25 novembre 1986, pour celle de Marseille, 640, avenue de Mazargues, Marseille 13e.

1995 : Décès à Marseille le 25 août 1995.

2001 : Yvonne Bossu, sa première épouse, décède aussi à Marseille, mais le 11 janvier 2001.

2004 : Bruno Decharme mentionne Charles Lanert dont il possède trois dessins parmi les peintres de sa collection, sur son site «abcd Art Brut».

2005-2006 : Jacques Benoist devient propriétaire des dessins de Joseph Vanneyre/Charles Lanert. Lettre de donation du 18 décembre 2006.

Printemps 2009 : Ouverture d’un site Internet Charles Lanert avec textes, images et oeuvres.

.: L'Art Brut :.


Le concept d'art brut ou art raw en anglais a été inventé en 1945 par le peintre français Jean Dubuffet. Il aurait employé ce terme lors de son premier voyage en Suisse, cette année là, avec Jean Paulhan, mais la première fois que l'expression apparaît est dans une lettre qu'il adressa au peintre suisse René Auberjonois, le 28 août 1945.

L'art brut se caractérise par l'utilisation fréquente de matériaux à priori non artistiques. Il exprime la spontanéité, entretient une relation de proximité avec l'art des marginaux, l'art des "fous", des médiums, ainsi qu'avec les productions d'enfants avant l'apprentissage des codes de représentation.

L'art brut regroupe des productions réalisées par des non-professionnels de l'art, indemnes de culture artistique, oeuvrant en dehors des normes esthétiques convenues.

L'art brut a ses propres codes personnels et se fonde sur le passé de l'individu et tout ce qui l'a marqué plus ou moins tragiquement dans sa vie s'exprime au travers de l'art brut.

Dubuffet entendait par là un art spontané, sans prétentions culturelles et sans démarche intellectuelle, il redéfinira souvent l'art brut, cherchant à le distinguer de l'art populaire, de l'art naïf, des dessins d'enfants, créant même la "Neuve Invention" au sein de sa collection.

Nous remercions Jimmy Wales, ses collaborateurs et ses auteurs de mettre leurs connaissances à la disposition des Internautes.

Nous espérons que notre travail sur Charles Lanert contribuera à l'accroissement des connaissances en histoire de l'art, de la spiritualité et de la société.

Source Wikipédia pour les textes sur l'art brut.